Votre hongre arrive avec une coupure au paturon. Elle n’a pas l’air trop grave, alors vous la nettoyez et mettez une crème antibiotique dessus. Vous décidez de ne pas appeler le vétérinaire car la coupure a cessé de saigner et n’est pas très profonde. Deux semaines plus tard, la coupure n’est plus ouverte, mais elle n’est pas vraiment guérie non plus. Au lieu de cela, une couche de tissu rougeâtre et grumeleux recouvre la plaie. Vous appelez le vétérinaire, qui vous informe que ce que vous voyez est de la chair fière, ou une excroissance de tissu de granulation.
La chair fière est le plus souvent observée à la suite d’une blessure de la partie inférieure de la jambe du cheval. Sous les genoux et les jarrets du cheval, il y a peu de tissus mous et la peau est tendue sur les os et les tendons. Près des articulations telles que le paturon, la peau bouge chaque fois que le cheval fait un pas, la cicatrisation est donc ralentie car la coupure est constamment tirée vers l’extérieur.
Les blessures dans d’autres zones du corps du cheval développent moins souvent des chairs fières car la peau qui recouvre les muscles n’est pas aussi tendue et les mouvements du cheval ne tirent pas aussi fort sur les bords d’une plaie. Les coupures dans ces zones peuvent généralement être suturées, ce qui empêche presque toujours la croissance de la chair fière. La suture doit être effectuée le plus tôt possible après l’apparition de la plaie afin de permettre une guérison plus rapide avec une cicatrice minimale. Il est beaucoup plus difficile de suturer les plaies sur les jambes inférieures car la peau est enveloppée de manière très serrée.
Les plaies guérissent normalement par la formation de tissu de granulation d’abord, après quoi la peau pousse sur cette couche, en commençant par les bords de la plaie et en grandissant vers le centre. Lorsqu’une blessure se trouve dans une zone où la suture n’est pas possible, une croissance excessive du tissu de granulation peut se développer là où la formation de la peau est perturbée par la tension ou les mouvements fréquents.
Pour donner aux plaies de la jambe les meilleures chances de guérison, un vétérinaire peut utiliser un bandage ou un plâtre pour limiter les mouvements autant que possible. Cela donne à la peau une meilleure chance de se développer sur le tissu de granulation normal, empêchant ou réduisant la quantité de chair fière. Si elle apparaît sur une plaie, elle doit être coupée jusqu’à ce que la surface de la plaie soit au même niveau que la surface de la peau. Dans les cas où l’on a laissé la chair fière devenir massive, il peut être nécessaire de procéder en plusieurs petites étapes, de sorte que la chair fière doit être traitée assez tôt au cours de son développement. Le parage provoque généralement de nombreux saignements, mais n’est pas forcément très douloureux pour le cheval, car le tissu de granulation ne comporte pas de nerfs. Les tissus sains autour et sous la chair fière ont cependant des nerfs, de sorte que le cheval peut avoir besoin d’être mis sous sédatif pour cette chirurgie.
Après avoir retiré le tissu de granulation excessif, la zone est bandée pour contrôler le saignement et la plaie, maintenant taillée jusqu’au tissu sain, est autorisée à guérir. Le vétérinaire peut prescrire une pommade stéroïdienne pour inhiber la repousse des chairs fières tout en n’impactant pas la formation de la nouvelle peau qui finit par pousser pour recouvrir la plaie. Si la plaie est très étendue, le vétérinaire peut suggérer de réaliser une greffe de peau pour réduire le temps de guérison et obtenir un meilleur résultat. La cicatrisation naturelle peut laisser une surface cicatrisée sujette aux fissures et aux saignements, ce qui risque de produire une nouvelle plaie lente à cicatriser et présentant un risque d’infection. Une greffe de peau réduit la zone de tissu cicatriciel avec une surface qui a un meilleur aspect et qui est moins sujette aux fissures.
Après que la chair fière ait été retirée, plusieurs semaines ou mois peuvent être nécessaires pour permettre à la plaie de guérir complètement. Les petites plaies obtiendront un revêtement cutané avant les grandes, ce qui souligne l’importance de traiter la chair fière avant qu’elle ne se développe en une grande masse.