Comment le mythe de la « réactivité croisée à 10% » s’est installé. Lorsque les céphalosporines de première génération, la céphaloridine et la céphalothine, ont été introduites dans les années 1960, des réactions allergiques et anaphylactiques ont été signalées chez des patients ayant déjà eu des réactions allergiques aux pénicillines. Les rapports ultérieurs, qui attribuaient jusqu’à 10 % de réactivité croisée entre les 2 classes de médicaments, concernaient ces mêmes céphalosporines de première génération plus la céphalexine et le céfadroxil et un médicament de deuxième génération, le céfamandole. Cependant, ces études étaient faussées car les composés testés pour la pénicilline avaient été contaminés par des céphalosporines. Jusqu’en 1982, la pénicilline était produite commercialement à l’aide du moule de céphalosporium.38
De nombreuses études récentes ont établi que le taux de réactivité croisée entre la pénicilline et les céphalosporines a été largement surestimé. En fait, le taux de réactivité croisée entre la pénicilline/amoxicilline et les céphalosporines de deuxième ou troisième génération est très faible et peut même être inférieur à celui entre les pénicillines et les autres classes d’antibiotiques.44
Les preuves d’une réactivité croisée limitée. Un résumé des publications ayant évalué 38 846 enfants et adultes avec et sans antécédents d’allergie à la pénicilline est présenté dans le TABLEAU 1. La base de données comprenait 2435 patients ayant des antécédents d’allergie à la pénicilline et 961 patients ayant des antécédents d’allergie à la pénicilline et des résultats positifs aux tests cutanés pour la pénicilline ou l’amoxicilline (total des patients allergiques à la pénicilline = 3396). Le taux de réaction allergique est comparé à celui de 34 047 patients sans antécédents d’allergie à la pénicilline et de 1403 patients sans antécédents d’allergie à la pénicilline et dont les tests cutanés pour la pénicilline ou l’amoxicilline sont négatifs (total des patients non allergiques à la pénicilline=35 450).
Lorsque les patients ayant des antécédents positifs d’allergie à la pénicilline ont reçu des céphalosporines de première génération, qui partagent une chaîne latérale chimique similaire à celle de la pénicilline ou de l’amoxicilline (céphalothine, céphaloridine, céphalexine, céfadroxil et céfazoline, plus la première céphalosporine de deuxième génération, le céfamandole), ils ont présenté un risque significativement accru de réaction allergique à la céphalosporine.
Les céphalosporines de deuxième et troisième générations modifiées par leur taille et la complexité de leurs chaînes latérales (par exemple, cefprozil, cefuroxime, ceftazidime, cefpodoxime et ceftriaxone) étaient suffisamment différentes de la pénicilline et de l’ampicilline pour ne pas augmenter le risque de réaction croisée allergique (TABLEAU 1).
L’anaphylaxie aux céphalosporines est rare, et les données probantes ne suggèrent aucune augmentation du risque d’anaphylaxie aux céphalosporines chez les patients allergiques à la pénicilline3.
De nombreuses autres études ont suggéré que les réactions immunitaires croisées aux céphalosporines dépendent de la structure de la chaîne latérale;22,23,27,32,37,38,44-49 c’est-à-dire que les céphalosporines dont la chaîne latérale à 7 positions est similaire à celle de la benzylpénicilline sont plus susceptibles de réagir de manière croisée avec la pénicilline (TABLEAU 2). Les céphalosporines qui partagent une chaîne latérale similaire en 7 positions ou en 3 positions sont plus susceptibles d’avoir une réaction croisée entre elles.
Réactivité croisée céphalosporine/pénicilline.réactivité
Peu d’études ont évalué si les patients présentant une hypersensibilité primaire aux céphalosporines présenteront une réactivité croisée avec la pénicilline. Romano et al49 ont réalisé des tests cutanés et des RAST chez des patients présentant des réactions allergiques immédiates aux céphalosporines afin d’examiner les réponses à d’autres céphalosporines et aux déterminants classiques de la pénicilline. Environ 1 patient sur 5 allergique à une céphalosporine a réagi aux déterminants de la pénicilline, tandis que la plupart ont eu des résultats positifs à d’autres céphalosporines ayant la même chaîne latérale ou des chaînes latérales similaires.