Le terme homunculus signifie « petit homme » en latin. Il est utilisé aujourd’hui en neurologie pour décrire la carte dans le cerveau des neurones sensoriels de chaque partie du corps (l’homunculus somatosensoriel). Le mot a été utilisé pour la première fois en 1572 dans l’ouvrage de Paracelse sur ses incursions dans l’alchimie, De Natura Rerum, dans lequel il donne des instructions sur la manière de créer un enfant humain sans fécondation ni gestation dans l’utérus. Dans l’histoire de l’embryologie, l’homoncule faisait partie de la théorie de la génération de l’époque des Lumières, appelée préformationnisme. L’homoncule était l’individu entièrement formé qui existait dans la cellule germinale de l’un de ses parents avant la fécondation et qui grandissait en taille pendant la gestation jusqu’à être prêt à naître.
L’origine du concept d’homoncule d’un fœtus préexistant est généralement attribuée au télescopiste et microscopiste néerlandais Nicolaas Hartsoeker. Ce crédit lui est attribué en grande partie parce que c’est son croquis, dans l’Essai de Dioptrique de 1694, d’un homoncule dans un spermatozoïde qui illustre le plus clairement le concept. Cependant, l’anatomiste italien Marcello Malpighi a proposé en 1673 que la structure entière de l’embryon était présente dans l’ovule dès le début, et que la période de gestation impliquait la croissance et le déploiement de cette structure préexistante. À peu près à la même époque, le métaphysicien français Nicolas Malebranche discute de l’idée d’emboîtement, c’est-à-dire d’encastrement, qui a rendu le préformationnisme célèbre. L’emboîtement ne décrit pas seulement un homoncule dans l’ovule ou le spermatozoïde, mais un train infini d’homoncules remontant jusqu’à Adam et Eve.
Bien que l’imagerie de l’homoncule soit inextricablement liée à la théorie du préformationnisme dans la pensée moderne, l’idée n’a pas été prise au pied de la lettre par tous les partisans de la théorie. Albrecht von Haller et Charles Bonnet ont discuté d’un type d’embryon préformé dont les parties étaient déjà en place mais qui grandissaient et changeaient radicalement au cours de la gestation ; un homoncule figuratif plutôt que littéral. L’idée qu’un homoncule existait bel et bien au sein des spermatozoïdes ou des ovules parentaux a souvent été utilisée avec dérision par les critiques contemporains du préformisme pour en souligner l’absurdité.
Pour autant, ni les détracteurs ni les partisans du préformationnisme n’ont jamais parlé du concept en utilisant le terme homuncule. La première utilisation du terme homunculus pour décrire le petit homme préformé est difficile à documenter. Anton Leeuwenhoek, le microscopiste hollandais célèbre pour avoir été le pionnier de l’utilisation du microscope, utilisait le français « petit l’homme » dans ses travaux, et Hartsoeker désignait son dessin d’homuncule par « petit l’enfant ». Selon Clara Pinto-Correia dans The Ovary of Eve, l’homme dans la cellule germinale n’a peut-être pas été réellement appelé un homoncule avant que F. J. Cole n’utilise le terme de cette manière dans ses Early Theories of Sexual Generation de 1930. Dans les histoires de l’embryologie depuis, le mot homunculus est étroitement lié au préformationnisme.
Sources
- Detlefsen, Karen. « Explication et démonstration dans le débat Haller-Wolfe ». Dans The Problem of Animal Generation in Early Modern Philosophy, ed. Justin E. H. Smith, 235-61. Cambridge, Angleterre : Cambridge University Press, 2006.
- Gardner, Esther P. « Touch ». Encyclopédie des sciences de la vie. http://mrw.interscience.wiley.com/emrw/9780470015902/search/firstpage (consulté le 27 avril 2008).
- Maienschein, Jane. « Épigénèse et préformationnisme ». Encyclopédie de la philosophie de Stanford. http://plato.stanford.edu/entries/epigenesis/. (Consulté le 22 février 2008).
- Needham, Joseph. Histoire de l’embryologie. New York : Abelard-Schuman, 1959.
- Pinto-Correia, Clara. L’ovaire d’Eve. Chicago : University of Chicago Press, 1997.
- Roe, Shirley. Matière, vie et génération : Embryologie du dix-huitième siècle et le débat Haller-Wolff. Cambridge : Cambridge University Press, 1981.