Fatigue et somnolence : L’épuisement au quotidien et au-delà

US Pharm. 2009;34(11):12-15.
La fatigue et la somnolence font partie de la vie quotidienne de millions de personnes, et la fatigue prolongée préoccupe 10 à 25 % des personnes qui consultent des médecins généralistes.1 L’incidence élevée de la fatigue est due à des problèmes tels que le mode de vie trépidant d’aujourd’hui, le manque de temps libre, les mauvaises habitudes de sommeil et certaines conditions médicales. Les pharmaciens sont dans une position idéale pour apporter une aide aux patients se plaignant de fatigue continuelle et de somnolence diurne.

Fatigue

La fatigue est couramment ressentie et correspond à la sensation de fatigue ou d’épuisement qui suit une dure journée de travail ou un exercice mentalement et physiquement difficile.2,3 Les patients peuvent également se plaindre d’être las, de ne plus avoir d’énergie ou de manquer de motivation pour accomplir d’autres tâches.

Conseiller les patients souffrant de fatigue : Lorsqu’il conseille des patients souffrant de fatigue, le pharmacien doit d’abord tenter de déterminer si la fatigue est une réaction normale au surmenage ou un problème continu qui ne semble pas lié à la quantité ou à l’ampleur de l’effort fourni ce jour-là, cette semaine-là ou ce mois-là. Dans le premier cas, il s’agit probablement d’une difficulté mineure et à court terme qui se résorbera d’elle-même une fois que les facteurs de stress auront disparu. Cependant, si le patient est capable de dormir normalement, mais qu’il éprouve quand même une fatigue continue qui ne semble pas liée à un stress mental ou physique continu, la fatigue peut être secondaire à des médicaments ou à un problème médical.3 Par exemple, les patients souffrant d’hypothyroïdie se plaignent de se réveiller frais et dispos, mais que l’activité entraîne une apparition rapide de la fatigue.3

Causes de la fatigue : La fatigue peut être causée par une grande variété de conditions médicales.1,3,4 Jusqu’à 40 % des personnes déclarant des symptômes de fatigue chronique ont finalement découvert qu’elles souffraient d’une condition psychiatrique ou médicale qui n’avait pas encore été diagnostiquée mais qui a finalement été traitée avec succès4. Les étiologies comprennent le syndrome prémenstruel, le trouble dysphorique prémenstruel, la rhinite allergique, l’asthme, les anémies, l’hypo- ou l’hyperthyroïdie, la maladie d’Addison, la fibromyalgie, l’arthrite, le lupus, le cancer, la maladie de Parkinson, l’insuffisance cardiaque congestive, le diabète, les affections provoquant une douleur persistante, les infections (par exemple, le SIDA, la mononucléose), les maladies rénales et les maladies hépatiques4-8 . Les troubles du sommeil provoquent la fatigue, notamment l’insomnie, la narcolepsie et l’apnée obstructive du sommeil. L’alcool et d’autres drogues (par exemple, la cocaïne, les stupéfiants) provoquent la fatigue, et le patient peut constater que des choix de vie plus sains résoudront le problème. La malnutrition entraîne la fatigue, tout comme l’anorexie et d’autres troubles de l’alimentation. Le large éventail d’étiologies potentielles fait qu’il est essentiel que les pharmaciens orientent les patients présentant une fatigue inexpliquée vers un médecin pour une évaluation médicale complète.

Syndrome de fatigue chronique : Le syndrome de fatigue chronique (SFC) est une cause de fatigue chronique qui touche 1 à 4 millions d’Américains.4 Ses ramifications sont profondes, dans la mesure où un quart des personnes atteintes n’ont pas d’emploi et où beaucoup reçoivent des prestations d’invalidité. Elle se distingue de la fatigue normale par sa gravité, par le sentiment d’incapacité que ressentent les patients et par le fait que le repos au lit ne la soulage pas.1,9 Le degré de fatigue limite ou interrompt les engagements sociaux, les efforts d’éducation, le travail et les activités personnelles. Des études du CDC révèlent que les effets invalidants du SFC rivalisent avec ceux d’affections aussi accablantes que la broncho-pneumopathie chronique obstructive (BPCO), la polyarthrite rhumatoïde, le lupus, la sclérose en plaques, les maladies cardiaques et l’insuffisance rénale terminale.

Le degré d’invalidité varie considérablement d’un patient à l’autre et chez un même patient d’un épisode à l’autre. Certains patients connaissent des périodes où ils sont relativement exempts de symptômes, suivies d’une période d’invalidité extrême.1 Ce schéma cyclique est souvent observé dans le SFC.

Pour répondre au diagnostic formel du SFC, les patients doivent avoir ressenti des symptômes pendant 6 mois ou plus1. De plus, la fatigue n’est pas causée par des conditions médicales sous-jacentes et s’accompagne de symptômes auxiliaires non spécifiques tels que des maux de gorge, des articulations douloureuses mais sans érythème ni inflammation, des douleurs musculaires incessantes, des maux de tête dont la gravité ou les symptômes diffèrent de la norme, et une sensibilité des ganglions lymphatiques (axillaires ou cervicaux).1 Les patients ne se sentent pas frais après le sommeil, et ils remarquent également que l’exercice physique ou mental produit un malaise qui persiste pendant plus de 24 heures. Leur capacité à se concentrer sur des tâches est réduite, et leur mémoire est altérée. C’est ce que l’on appelle les huit symptômes qui définissent le SFC.

Les options de traitement du SFC sont diverses et d’utilité variable. Le CDC exhorte les praticiens à adapter les plans de traitement aux symptômes actuels de chaque patient.10 Les troubles du sommeil peuvent être traités initialement par de simples mesures d’hygiène du sommeil, puis par des somnifères antihistaminiques en vente libre tels que Sominex et Unisom. Toutefois, si ces médicaments sont nécessaires au-delà de 14 jours, il convient d’inciter le patient à consulter un médecin. Les douleurs musculaires et articulaires et les maux de tête peuvent se prêter à la prise d’acétaminophène, d’ibuprofène ou de naproxène en vente libre.

Les CDC alertent les patients sur les sophismes liés à l’utilisation de compléments alimentaires et de plantes médicinales pour le SFC.10 Bien que certains patients rapportent un soulagement grâce à ces produits, ils ne sont pas réglementés par la FDA, et donc les données objectives prouvant leur efficacité et leur sécurité font souvent défaut. Le CDC met en garde les patients contre des plantes telles que la consoude, l’éphédra, le kava, la germandrée, le chaparral, l’orange amère, la racine de réglisse et la yohimbine en raison de rapports de toxicité couplés à un manque de données sur l’efficacité10.

Le CDC mentionne également l’utilisation de thérapies alternatives telles que l’acupuncture, la thérapie aquatique, les massages doux, la méditation, la respiration profonde, le biofeedback, le yoga et le tai chi.10 L’agence exhorte les patients à discuter de ces options avec un fournisseur de soins de santé pour s’assurer qu’elles ont été prouvées sûres et efficaces.

Médicaments qui provoquent de la fatigue : Les médicaments qui seraient à l’origine de la fatigue comprennent les antihistaminiques, les antihypertenseurs, les corticostéroïdes, les diurétiques et les somnifères pour l’insomnie.2 Certains agents induisent une myopathie toxique qui peut entraîner la fatigue.11 Si l’on soupçonne que les médicaments sur ordonnance sont à l’origine de la fatigue ou du SFC, il faut demander aux patients de consulter leur prescripteur pour une évaluation complète et l’examen d’autres médicaments.

La somnolence

La somnolence diffère de la fatigue en ce qu’elle est une sensation subjective de besoin de sommeil. Il se peut qu’un patient ne soit pas du tout fatigué, mais qu’il devienne la proie d’un besoin impérieux de sommeil à un moment ou dans une situation inappropriés.12

Conseiller les patients souffrant de somnolence : Il est normal de ressentir de la somnolence après un sommeil insuffisant car le patient a une « dette de sommeil ». Cependant, certains patients se plaignent d’une somnolence anormale malgré un sommeil suffisant la nuit précédente. Le pharmacien peut interroger ces patients sur leurs habitudes de sommeil, sur la durée normale de leur sommeil, s’ils ronflent et si leur partenaire de lit se plaint qu’ils ont des épisodes d’arrêt respiratoire pendant la nuit (apnée du sommeil). Si les réponses à ces questions ne sont pas révélatrices, il faut inciter le patient à consulter un médecin, qui pourra procéder à des études du sommeil afin de déterminer la cause profonde de cette somnolence anormale. Si les habitudes du patient semblent démontrer un mauvais sommeil, un sommeil interrompu ou un sommeil insuffisant, il faut lui conseiller d’adopter les principes de l’hygiène du sommeil. On peut demander aux patients s’ils sont déprimés, anxieux, stressés ou s’ils souffrent d’un ennui général de la vie. Un essai d’antidépresseurs peut aider certains de ces patients.

Causes de la somnolence : La somnolence peut être causée par des étiologies aussi variées que le travail en équipes tournantes, les médicaments sédatifs (par exemple, les antihistaminiques, les antidépresseurs, les analgésiques), l’hypothyroïdie, l’hypercalcémie, l’hyponatrémie ou l’hypernatrémie, l’apnée du sommeil et la narcolepsie12.

Produits en vente libre

En plus d’aider les patients à découvrir les sources de fatigue ou de somnolence et de les orienter le cas échéant, les pharmaciens peuvent également recommander un traitement en vente libre. Le seul médicament qui s’est avéré sûr et efficace pour l’auto-consommation lorsqu’il est utilisé conformément à l’étiquetage est la caféine.2 L’effet stimulant de la caféine est bien connu et constitue la principale raison de son utilisation omniprésente à des fins récréatives. La dose de stimulant approuvée comme sûre et efficace est de 100 à 200 mg, pas plus souvent que toutes les 3 ou 4 heures.2 Les produits comprennent Vivarin et NoDoz, qui contiennent tous deux 200 mg de caféine par comprimé/capuchon. Ces produits ne doivent pas être recommandés aux personnes âgées de moins de 12 ans.

Les étiquettes préviendront les patients que ces produits contiennent environ autant de caféine qu’une tasse de café et qu’ils doivent limiter ou arrêter la consommation de caféine pendant leur prise. Le non-respect de cette consigne pourrait entraîner de la nervosité, de l’insomnie, de l’irritabilité et de la tachycardie. Bien entendu, une tasse de café peut contenir des quantités de caféine très différentes, de sorte que l’avertissement de la FDA n’est qu’une estimation pour l’usage du consommateur. Les étiquettes avertissent les patients que ces produits ne sont destinés qu’à un usage occasionnel et qu’ils ne remplaceront pas le sommeil. En outre, si la somnolence ou la fatigue persiste ou réapparaît, les patients doivent consulter leur médecin. Ces produits ne doivent pas être utilisés si la patiente est enceinte ou si elle allaite. Leur utilisation optimale concerne les patients qui effectuent des tâches ennuyeuses et répétitives qui entraînent une inattention (par exemple, le travail à la chaîne). Ils peuvent également être utiles pour maintenir une attention maximale pendant la conduite.

Certains patients consomment déjà la quantité recommandée de caféine sous forme de café, de thé et de boissons gazeuses. Huit onces de café infusé contiennent 135 mg de caféine, et la même quantité de thé infusé en contient 50 mg.2 Une canette de 12 onces de Coca-Cola ou de Pepsi-Cola contient 34 à 38 mg de caféine, alors que la quantité contenue dans d’autres boissons gazeuses peut atteindre 55 mg/12 onces. Un patient qui boit plusieurs canettes de boissons gazeuses caféinées par jour, ainsi qu’une tasse de 20 onces de café d’une chaîne de café populaire comme Starbucks (480 mg de caféine) consomme déjà une quantité considérable de stimulant2. Les 200 mg contenus dans un seul NoDoz ou Vivarin pourraient ne pas être suffisants pour apporter un quelconque bénéfice au-delà de la consommation quotidienne déjà élevée et pourraient entraîner des effets indésirables.

Conclusion

La fatigue et la somnolence sont des états médicaux courants qui peuvent être causés par une foule de troubles graves. À moins que la cause ne soit banale et de courte durée, le patient doit être dirigé vers un médecin pour une évaluation complète.

Mesures que vous pouvez prendre

Avant de prendre des médicaments contre la fatigue et la somnolence, vous pouvez essayer des solutions relativement faciles. Vous ne devez pas vous coucher et vous lever à des heures impaires ou à des moments différents chaque jour. Le meilleur conseil est de fixer une heure pour se coucher et une heure pour se lever et d’essayer de s’y tenir autant que possible. Tout le monde a connu le « plaisir » de rester debout jusqu’à 4 heures du matin ou plus tard et de faire la grasse matinée jusqu’à midi le lendemain. Même 8 heures de sommeil ne suffisent pas à faire revenir votre corps à la normale, et vous ressentirez les effets de votre emploi du temps modifié le lendemain. En outre, efforcez-vous de dormir au moins 7 à 8 heures par nuit. Essayer de passer le jour suivant sans dormir suffisamment entraîne une somnolence diurne qui est une cause majeure d’accidents de voiture mortels. Évitez les stimulants tels que la caféine ou les décongestionnants nasaux oraux (par exemple, Sudafed) trop près de l’heure du coucher, car l’effet stimulant peut ne pas vous permettre de vous endormir au bon moment, vous laissant ainsi fatigué le lendemain.

Vous devez toujours avoir une alimentation saine et équilibrée et boire suffisamment d’eau pour rester parfaitement hydraté. Évitez tout alcool, toute nicotine et toute drogue d’abus. Si vous buvez habituellement des boissons gazeuses, du café ou du thé contenant de la caféine, essayez d’en réduire la quantité ou de les éliminer complètement pour déterminer s’ils sont responsables d’une sensation de fatigue. Vous devez également être conscient des médicaments que vous prenez et qui peuvent provoquer une somnolence, comme les antihistaminiques, les antihypertenseurs, les corticostéroïdes, les diurétiques et les somnifères.

Une méthode pour réduire la fatigue consiste à réduire les stress de la vie. Il peut être nécessaire de passer d’un emploi qui provoque un stress important à un emploi qui permet une journée de travail plus relaxante. Lorsque vous avez du temps libre, ne le passez pas à jouer à des jeux vidéo très stressants qui exigent un timing à la seconde près et des réflexes rapides. Allez plutôt faire une promenade, lire un livre ou avoir une conversation agréable avec votre famille et vos amis. Si vous êtes pris dans une relation semée d’embûches, réglez-les directement ou mettez fin à la relation.

Médicaments en vente libre

Le seul produit de pharmacie dont l’innocuité et l’efficacité ont été prouvées pour aider à combattre la fatigue et la somnolence est la caféine, que l’on trouve dans des produits en vente libre comme Vivarin et NoDoz. Chaque caplet ou comprimé contient 200 mg de caféine. Prenez une dose toutes les 3 ou 4 heures au maximum. Ces produits ne sont sûrs que pour les personnes âgées de 12 ans et plus. Ils ne remplacent pas un sommeil sain et ne doivent jamais être utilisés pour vous tenir éveillé toute la nuit. Ils ne doivent pas être utilisés si vous êtes enceinte ou si vous allaitez sans en parler d’abord à votre médecin.

Boissons énergisantes

Évitez l’utilisation des boissons énergisantes populaires. Pratiquement toutes contiennent des ingrédients dont la sécurité et l’efficacité sont inconnues, comme des herbes et des compléments alimentaires. L’une d’elles contient des ingrédients non prouvés tels que le ginkgo, le guarana, l’inositol, la L-carnitine, le ginseng et le chardon-marie. Utiliser des produits de ce type est un pari risqué pour votre santé, car ils peuvent avoir des effets indésirables et il n’est pas prouvé qu’ils procurent un regain d’énergie sans danger.

N’oubliez pas, si vous avez des questions, consultez votre pharmacien.

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