Le « père de la tragédie », Eschyle est né en 525 av. J.-C. dans la ville d’Éleusis. Immergé très tôt dans les rites mystiques de la ville et dans le culte de la déesse de la Terre et de la Mère Déméter, il fut un jour envoyé, enfant, pour observer le mûrissement des raisins dans la campagne. Selon Eschyle, lorsqu’il s’assoupit, Dionysos lui apparut en rêve et lui ordonna d’écrire des tragédies. Le jeune Eschyle, obéissant, commença une tragédie le lendemain matin et « réussit très facilement »
Lorsqu’Eschyle commença à écrire, le théâtre commençait tout juste à évoluer. Les pièces de théâtre n’étaient guère plus que des oratorios animés ou des poèmes choraux complétés par des danses expressives. Un chœur dansait et échangeait des dialogues avec un seul acteur qui incarnait un ou plusieurs personnages, principalement à l’aide de masques. La plupart de l’action se déroulait dans l’aire de danse circulaire ou « orchestre » qui subsistait encore de l’époque où le drame n’était rien d’autre qu’une danse circulaire autour d’un objet sacré.
Ce fut un grand bond en avant pour le théâtre lorsqu’Eschyle introduisit le deuxième acteur. Il a également tenté d’impliquer le chœur directement dans l’action de la pièce. Dans Agamemnon, le chœur des Anciens se dispute avec l’amant de la reine, et dans Les Euménides, un chœur de Furies poursuit Oreste accablé par le chagrin. Eschyle a mis en scène nombre de ses propres productions et, selon des critiques antiques, il aurait fait monter les Furies sur scène de manière si réaliste que des femmes faisaient des fausses couches dans le public.
Bien qu’Eschyle aurait écrit plus de quatre-vingt-dix pièces, seules sept ont survécu. Sa première œuvre existante, Les Suppliants, révèle un jeune Eschyle encore aux prises avec les problèmes du drame choral. L’histoire tourne autour des cinquante filles de Danaüs qui cherchent refuge à Argos pour échapper aux attentions des cinquante fils d’Aegyptus. Son deuxième drame existant, Les Perses, raconte la bataille de Salamine – à laquelle Eschyle et son frère ont effectivement participé – et traite principalement de la réception de la nouvelle à la cour impériale. Cette pièce contient la première « scène fantôme » d’un drame existant.
Dans sa troisième pièce conservée, Prométhée lié, Eschyle s’attaque au mythe de Prométhée, le premier humanitaire du monde. Au début de la pièce, le titan est attaché contre son gré à un pic dans les montagnes du Caucase pour avoir donné à l’humanité le don du feu sans le consentement des dieux. Prométhée sait que Zeus est destiné à tomber. En fait, il détient le secret de la chute de l’Olympien – une certaine femme qui sera sa perte – mais Prométhée ne veut pas révéler son nom. Même au milieu du feu du ciel qui est lancé sur lui dans un climax effrayant, Prométhée reste intrépide et silencieux.
Dans Sept contre Thèbes, Eschyle aborde les thèmes du parricide et de l’inceste. Il n’est cependant pas prêt à se contenter de l’explication conventionnelle de la « malédiction familiale ». Au lieu de cela, Eschyle a creusé plus profondément, suggérant que l’hérédité n’est rien de plus qu’une prédisposition – que la véritable cause de ces « actes de méchanceté » est l’ambition, la cupidité et un manque de force morale. Ainsi, éliminant les dieux comme excuse à la méchanceté, Eschyle exigeait que les hommes assument la responsabilité de leurs actes.
L’Orestie, une trilogie, a été jouée en 458 avant JC, moins de deux ans avant la mort d’Eschyle. Une fois de plus, il traite de la tragédie d’une maison royale, une « malédiction héréditaire » qui a commencé dans un monde obscur et légendaire dans lequel Tantale a été jeté dans la fosse du Tartare pour avoir révélé aux hommes les secrets des dieux. Cette situation est parallèle aux événements de la vie d’Eschyle. Il aurait été accusé d' »impiété » pour avoir révélé les mystères éleusiniens – les rites secrets de sa ville natale – à des étrangers. Il est probable, cependant, que ces accusations étaient motivées par des considérations politiques et qu’il n’a pas été condamné.
La légende veut qu’Eschyle ait trouvé la mort lorsqu’un aigle a pris son crâne chauve pour un rocher et y a laissé tomber une tortue. Quelle que soit la cause de sa mort, sa vie a jeté les bases dont l’art dramatique aurait besoin pour s’épanouir, et au moment de sa mort, il y avait deux successeurs notables prêts à prendre sa place – Sophocle et Euripide. En outre, Eschyle a laissé derrière lui deux fils qui poursuivront son héritage dramatique, et l’un d’eux, Euphorion, revendiquera même le premier prix à la Dionysia de la ville, en battant Sophocle et Euripide en 431 avant J.-C.
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