Cinq prières que les catholiques peuvent prendre à cœur

La question de la prière n’est pas la prière, la question de la prière est Dieu. On ne peut pas prier à moins d’avoir la foi en sa propre capacité d’accoster le Dieu infini, miséricordieux et éternel. -Rabbi Abraham Joshua Heschel, Man’s Quest for God (Hudson River, 1981)

En tant que catholiques, nous avons une longue tradition de prière. Et dans nos relations avec Dieu, nous sommes invités à  » parler des choses  » en permanence. Ce dialogue est un dialogue de foi, une confiance constante dans le fait que Dieu nous parle dans les Écritures, à travers les sacrements, dans la communauté, dans les expériences ordinaires et quotidiennes. Et nous sommes appelés à répondre à cette communication par des louanges et des remerciements, des pétitions et des appels à la miséricorde.

« La prière… est une communication, dans laquelle la parole de Dieu a l’initiative, et nous, au début, sommes simplement des auditeurs », a écrit le regretté cardinal catholique suisse Hans Urs von Balthasar dans son livre Prière. Il est bon de se rappeler ce fait afin que nous réalisions que notre réponse est à l’initiative de Dieu dans nos vies. Mais notre réponse prend souvent la forme d’une prière formelle, exprimant ce que nous croyons, ce que nous ressentons, et comment nous pourrions répondre. Voici cinq prières catholiques traditionnelles qui méritent d’être mémorisées car elles contiennent à la fois une sagesse fondamentale et expriment une foi tendre.

Saint Richard de Chichester

Merci à Toi, mon Seigneur Jésus-Christ,
pour tous les bienfaits que Tu m’as accordés, pour moi,
O très miséricordieux ami, rédempteur et frère.
Que je Te voie plus clairement,
que je T’aime plus tendrement
et que je Te suive plus étroitement.

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Cette prière est à la fois l’expression de la centralité de Jésus dans la vie chrétienne et la formulation d’un triple désir concernant sa relation avec le Seigneur.

Si on vous demandait :  » Qui est le seigneur de votre vie ? « , quelle serait votre réponse ? Une réponse possible en tant qu’Américain pragmatique et démocratique serait : « Personne n’est le seigneur de ma vie ». Notre liberté individuelle est tellement soulignée que l’allégeance n’est donnée à personne, sauf peut-être à notre propre ego. Mais cette prière exprime la gratitude envers Jésus, Seigneur, ami, rédempteur et frère pour deux raisons : tous les avantages et les bénédictions que nous avons reçus gratuitement et le mystère que Jésus a souffert et est mort pour notre salut.

La prière de Richard est une affirmation du mystère de l’incarnation et de la rédemption. C’est un chant d’action de grâce pour le mystère pascal par lequel nous avons reçu notre liberté : le pardon de nos péchés.

Cette prière est remplie de nostalgie, du désir de voir, d’aimer et de suivre la voie du Seigneur. C’est une prière de disciple par laquelle nous aspirons à revêtir l’esprit et le cœur du Christ. Notez également avec attention l’utilisation par Richard des adverbes « clairement », « chèrement » et « presque » (ma mère m’a dit un jour que l’on pouvait reconnaître les personnes instruites à leur utilisation des adverbes). Ce sont des modificateurs assez communs, mais lorsqu’ils sont dirigés vers le Seigneur, ils prennent une signification supplémentaire.

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Avertissement : priez quotidiennement cette prière du cœur et votre vie changera de manière profonde. La gratitude mène effectivement à une générosité joyeuse et les désirs favorisent l’élargissement du cœur. Comme le dit le père jésuite Thomas Green,  » la prière est l’amour qui découle d’une connaissance de plus en plus profonde. »

Prière de l’office divin

Dirige, nous t’en supplions, Seigneur, toutes nos actions
par ta sainte inspiration, et poursuis-les par
ta gracieuse assistance, afin que toute prière et
œuvre de notre part commence toujours de toi et
par toi se termine heureusement.

Chaque matin, notre professeur de latin commençait le cours par cette prière. Mais pas en anglais ! En deux semaines, nous avons tous dû nous lever et réciter cette requête au Seigneur. Les mots sont encore logés dans ma mémoire : Actiones nostras, quaesumus, Domine, aspirando praeveni, et adjuvando prosequere : ut cuncta nostra oratio et operatio a te semper incipiat, et per te coepta finiatur.

En repensant à cette expérience, je suis vraiment reconnaissant (à l’époque, je ne l’étais pas). En une seule phrase, nous avons une théologie riche et l’expression d’une foi profonde. Cette prière souligne également l’importance de la façon dont nous commençons et terminons les événements de notre vie.

Parfois, notre travail et notre prière ne naissent pas de l’inspiration de Dieu mais plutôt de notre propre volonté. Cette pétition demande à Dieu de nous inspirer vraiment, de nous guider vers ce qui est vrai, bon et beau. L’hypothèse ici est que l’Esprit Saint est toujours disponible lorsque nous prenons des décisions qui façonnent nos vies et l’histoire humaine. Comme dans le livre de la Genèse, l’Esprit plane sur nous avec des dons de sagesse, de sensibilité et de courage pour être de vrais disciples du Seigneur.

Les choses peuvent bien commencer mais ne se terminent pas nécessairement dans le bonheur et la paix. Les mariages commencés dans l’amour se brisent ; les engagements religieux commencés avec dévouement et consécration peuvent tourner mal ; un birdie initial sur le terrain de golf peut être oublié par un triple bogey au numéro 18. Notre Dieu n’est pas seulement un créateur qui nous fait exister. Notre Dieu est un amour providentiel qui veut que nous fassions avancer le royaume dans tout ce que nous faisons et disons. Et comme tout pilote le sait, les débuts et les fins sont cruciaux.

Et puis il y a l’entre-deux. Le repas commence par « Bénis-nous, Seigneur… » et se termine par « Nous te rendons grâce… ». . . » Nous devons également être conscients de la présence du Seigneur pendant la conversation. Le pilote doit utiliser ses compétences non seulement pour décoller de l’aéroport O’Hare de Chicago et atterrir à La Guardia de New York, mais aussi pendant tout le vol. Cette prière de l’office divin nous aide à nous rappeler que Dieu est avec nous à tout moment : les débuts, les milieux et les fins.

Cette prière a un caractère universel. Nous cherchons la direction de Dieu à tout moment, en tout lieu – faire la lessive, changer les couches, biner le jardin, peindre un tableau, se récurer pour une opération chirurgicale, corriger les devoirs, réparer l’évier de la cuisine, changer un pneu et s’agenouiller pour dire nos prières du soir.

Dans la préface de la messe, nous proclamons que « c’est notre devoir et notre salut, toujours et partout de te rendre grâce . . . » Nous le faisons précisément parce que Dieu envoie toujours et partout l’Esprit pour éclairer nos esprits et rendre nos volontés capables de faire ce qui est droit et juste.

Prière à Marie : le Memorare

Souvenez-vous, ô très gracieuse Vierge Marie, qu’il n’a jamais été connu
que quiconque s’est réfugié sous votre protection, a imploré votre aide ou a demandé
votre intercession, soit resté sans aide.
Inspiré par cette confiance, je vole vers toi, ô Vierge des vierges,
ma mère : vers toi je viens, devant toi
je me tiens, pécheur et douloureux. O Mère du Verbe Incarné,
ne méprise pas mes requêtes, mais dans ta miséricorde, écoute-moi et réponds-moi. Amen.

Lors du concile Vatican II, de longues discussions ont eu lieu concernant la place de Marie dans l’église. Une décision devait être prise : Le concile rédigerait-il un document distinct traitant de Marie ou une théologie de Marie serait-elle placée dans un contexte plus large ? Comme nous le savons maintenant, la Constitution dogmatique sur l’Église, l’un des 16 documents de Vatican II, aborde au chapitre huit « Le rôle de la bienheureuse Vierge Marie, Mère de Dieu, dans le mystère du Christ et de l’Église ». Ce document nous encourage à nous tourner vers Marie pour obtenir de l’aide, car elle reflète si puissamment les vérités centrales de notre foi et deux vertus particulières qui sont au cœur de la vie de disciple : l’obéissance et le don de soi. Marie est en effet un signe certain d’espérance.

Le Memorare fait partie de la tradition catholique depuis des siècles. C’est une prière de confiance suprême et de confiance en Marie comme notre intercesseur. C’est aussi une prière d’honnêteté et d’humilité. Nous nous présentons devant Marie avec nos péchés et notre chagrin. Dans une culture où le péché est souvent nié, nous devons avoir la sagesse d’affronter nos ténèbres et notre égoïsme. Nous nous présentons devant Marie tels que nous sommes, et elle nous embrasse comme tels. Pas besoin de faux-semblants ici.

Dans le document de Vatican II, on nous dit que, par sa charité maternelle, Marie prend soin de tous les disciples du Christ qui « cheminent encore sur terre entourés de dangers et de difficultés. » Alors que nous sommes confrontés aux dangers de la guerre et de la maladie, aux difficultés des relations tendues et du chômage, nous nous tournons vers Marie en sachant qu’elle intercédera pour nous afin que nous puissions recevoir les grâces dont nous avons besoin pour changer notre situation ou pour supporter ce que nous devons subir. Nous ne sommes pas seuls. Le Memorare est une excellente prière pour approfondir notre foi et vivre plus pleinement l’appel évangélique.

Anima Christi

Ame du Christ, sanctifie-moi.
Corps du Christ, sauve-moi.
Sang du Christ, remplis-moi.
Eau du côté du Christ, lave-moi.
Passion du Christ, fortifie-moi.
O bon Jésus, écoute-moi.
Dans tes plaies, cache-moi.
Ne permets jamais que je sois séparé de toi.
De l’ennemi méchant, défends-moi.
A l’heure de la mort, appelle-moi
et dis-moi de venir à toi,
afin qu’avec tes saints je puisse te louer
pour les siècles des siècles. Amen.

Les moments qui suivent la réception de notre Seigneur dans l’Eucharistie sont précieux. Une façon de rester concentré et en accord avec la présence de Jésus en nous est de réciter l’Anima Christi. Dite lentement, de manière réfléchie et dans la prière, cette prière peut nous aider à approfondir notre union avec le Christ de manière profonde.

L’accent est mis sur le Seigneur – sur sa passion, sa mort et son amour. Dans ce sacrement de la présence réelle, nous rencontrons ici et maintenant le Christ ressuscité qui fait beaucoup de choses selon nos circonstances – des choses comme sanctifier, sauver, laver, fortifier et guérir. La foi est exigée ici, une foi qui nous plonge dans la grâce du moment.

Avertissement : les mots peuvent être mémorisés et dits trop facilement. Ce qui est essentiel, c’est la réalité que les mots symbolisent. Dans le Hamlet de Shakespeare, le roi Claudius nous donne la réplique classique : « Mes paroles s’envolent, mes pensées restent en bas ; Les paroles sans pensées ne vont jamais au ciel. » Nous devons penser ce que nous disons et dire ce que nous pensons.

Pour ceux qui prient l’Anima Christi, il pourrait être utile de transposer le « moi » en « nous » de temps en temps. Les personnes ayant un sens de la conscience sociale pourraient accuser l’auteur de cette prière dans sa forme actuelle de nous donner simplement un autre exemple de l’individualisme qui domine notre culture. Nous devons nous rappeler que notre spiritualité est toujours communautaire, qu’elle embrasse toujours l’ensemble du Corps mystique du Christ.

Après avoir reçu le Seigneur en Eucharistie à la messe, il pourrait être une pratique enrichissante de prier cette prière en retournant à notre place dans l’église. À moins d’apporter un certain niveau d’intentionnalité à notre conscience, nous pouvons être si facilement distraits par le nouveau chapeau rouge de quelqu’un, par les paroissiens qui partent tôt, ou par la crainte qu’une deuxième collecte soit sur le point d’avoir lieu.

Prière de Saint François d’Assise

Seigneur, fais de moi un instrument de ta paix.
Là où il y a la haine, que je sème ton amour ;
là où il y a la blessure, le pardon ;
là où il y a le doute, la foi ;
là où il y a le désespoir, l’espérance ;
là où il y a la tristesse, la joie.
O divin Maître, fais que je ne cherche pas tant
à être consolé qu’à consoler ;
à être compris qu’à comprendre ;
à être aimé qu’à aimer ;
car c’est en donnant que l’on reçoit ;
c’est en pardonnant que l’on est pardonné ;
et c’est en mourant que l’on naît à la vie éternelle.

C’est une prière dangereuse, qui nous demande de devenir des instruments de la paix de Dieu. Il y a quatre ingrédients dans cette agence : la médiation de la vérité, la charité, la liberté et la justice. C’est une affaire sérieuse et il ne faut pas demander quelque chose sans qu’il y ait une volonté correspondante de donner suite à la demande. C’est comme la plus dangereuse de toutes les prières, le Notre Père. Nous y demandons à Dieu de nous pardonner en proportion de notre pardon aux autres.

Si l’on veut être un messager de paix dans un monde de haine, de blessures, de doute, de désespoir, d’obscurité et de tristesse, il faudra beaucoup de courage. Les anciens prophètes, comme Jérémie et Ézéchiel, hésitaient à assumer la tâche difficile d’être les porte-parole de Dieu. Pourtant, ils étaient obéissants et se concentraient non pas sur la difficulté, mais sur l’amour, le pardon, la foi, l’espoir, la lumière et la joie que Dieu aspire à accorder à la création.

La plupart d’entre nous désirent la consolation, la compréhension et l’amour, et à juste titre. Ce sont là de grandes grâces et bénédictions. Pourtant, le disciple mature de Jésus, franchissant un seuil à un moment donné sur le chemin de la foi, commence à trouver que donner vaut mieux que recevoir, que pardonner est une plus grande joie que d’être pardonné, et que mourir à soi-même est la porte de l’éternité. Nous avons dans cette prière une sagesse alternative, subversive, qui confond notre culture contemporaine. Prier et chanter cette prière pourrait provoquer une sainte révolution.

Ces prières font partie de la tradition catholique. Elles ont soutenu de nombreux pèlerins au fil des ans et continuent de soigner l’âme de nombreux disciples. Je termine par quelques réflexions sur la prière provenant de divers auteurs, passages qui pourraient approfondir notre compréhension et notre amour pour notre vocation d’être une communauté de prière et d’adoration :

Prier signifie alors aspirer à la simple présence de Dieu, à une compréhension personnelle de sa parole, à la connaissance de sa volonté et à la capacité de l’entendre et de lui obéir. C’est donc quelque chose de bien plus que de formuler des requêtes pour des biens extérieurs à nos préoccupations les plus profondes. -Thomas Merton, Contemplative Prayer (Doubleday, 1971)

Si notre prière doit être adéquate à notre vision, il doit y avoir une place en elle pour le Mystère transcendant et la Vie incarnée ; pour l’adoration et le sacrement, la crainte et l’amour actif. -Evelyn Underhill, The House of the Soul (Seabury Press, 1984)

La seule force à laquelle je crois est la prière, et c’est une force que j’applique avec plus d’acharnement que d’attention. -Flannery O’Connor, L’Habitude d’être (Farrar, Straus et Giroux, 1979)

Et une dernière prière de la plume de John Henry Cardinal Newman

Oh, Seigneur, soutiens-nous tout au long du jour, jusqu’à ce que les ombres s’allongent et que le soir vienne, et que le monde affairé se taise, et que la fièvre de la vie soit passée, et que notre travail soit terminé. Alors, dans ta miséricorde, accorde-nous un logement sûr, et un saint repos, et la paix enfin.

Image : Flickr cc via Doug Tanner

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