Valeur universelle exceptionnelle
Synthèse succincte
Angkor, dans la province septentrionale de Siem Reap au Cambodge, est l’un des plus importants sites archéologiques d’Asie du Sud-Est. Il s’étend sur environ 400 kilomètres carrés et comprend des dizaines de temples, des structures hydrauliques (bassins, digues, réservoirs, canaux) ainsi que des voies de communication. Pendant plusieurs siècles, Angkor a été le centre du royaume khmer. Avec des monuments impressionnants, plusieurs plans d’urbanisme anciens différents et de grands réservoirs d’eau, le site est une concentration unique d’éléments témoignant d’une civilisation exceptionnelle. Les temples tels qu’Angkor Vat, le Bayon, Preah Khan et Ta Prohm, exemplaires de l’architecture khmère, sont étroitement liés à leur contexte géographique tout en étant imprégnés d’une signification symbolique. L’architecture et la disposition des capitales successives témoignent d’un haut niveau d’ordre social et de hiérarchie au sein de l’Empire khmer. Angkor est donc un site majeur illustrant des valeurs culturelles, religieuses et symboliques, et contenant une haute signification architecturale, archéologique et artistique.
Le parc est habité, et de nombreux villages, dont les ancêtres remontent pour certains à la période angkorienne, sont disséminés dans le parc. La population pratique l’agriculture et plus particulièrement la riziculture.
Critère (i) : Le complexe d’Angkor représente toute la gamme de l’art khmer du IXe au XIVe siècle, et comprend un certain nombre de chefs-d’œuvre artistiques incontestables (par exemple Angkor Wat, le Bayon, Banteay Srei).
Critère (ii) : L’influence de l’art khmer tel que développé à Angkor a été profonde sur une grande partie de l’Asie du Sud-Est et a joué un rôle fondamental dans son évolution distinctive.
Critère (iii) : L’Empire khmer des IXe-XIVe siècles englobait une grande partie de l’Asie du Sud-Est et a joué un rôle formateur dans le développement politique et culturel de la région. Tout ce qui reste de cette civilisation est son riche patrimoine de structures cultuelles en brique et en pierre.
Critère (iv) : L’architecture khmère a largement évolué à partir de celle du sous-continent indien, dont elle s’est rapidement clairement distinguée en développant ses propres caractéristiques particulières, certaines évoluant de manière indépendante et d’autres acquises à partir des traditions culturelles voisines. Il en résulta un nouvel horizon artistique dans l’art et l’architecture orientaux.
Intégrité
Le complexe d’Angkor englobe tous les grands bâtiments architecturaux et systèmes d’ingénierie hydrologique de la période khmère et la plupart de ces « barays » et canaux existent encore aujourd’hui. Tous les aspects individuels illustrent l’intégrité du site qui reflète très bien la splendeur des villes qui étaient autrefois. L’intégrité du site est cependant soumise à une double pression :
- endogène : exercée par plus de 100 000 habitants répartis dans 112 établissements historiques dispersés sur le site, qui tentent constamment d’étendre leurs zones d’habitation ;
- exogène : liée à la proximité de la ville de Siem Reap, siège de la province et pôle touristique.
Authenticité
Les travaux antérieurs de conservation et de restauration effectués à Angkor entre 1907 et 1992, notamment par l’École française d’Extrême-Orient (EFEO), l’Archaeological Survey of India, l’organisme polonais de conservation PKZ et le World Monuments Fund n’ont pas eu d’impact significatif sur l’authenticité globale des monuments qui composent le complexe d’Angkor et n’obèrent pas l’impression générale dégagée par les monuments individuels.
Exigences en matière de protection et de gestion
Le bien est légalement protégé par le décret royal sur le zonage de la région de Siem Reap/Angkor adopté le 28 mai 1994 et la loi sur la protection du patrimoine naturel et culturel promulguée le 25 janvier 1996, le décret royal sur la création de l’Autorité nationale APSARA (Autorité pour la protection du site et la gestion de la région d’Angkor) adopté le 19 février 1995, la décision gouvernementale No. 70 SSR du gouvernement, datée du 16 septembre 2004, prévoyant l’utilisation des terres dans le parc d’Angkor : » Tous les terrains situés dans la zone 1 et 2 du site d’Angkor sont des propriétés de l’État « , et le sous-décret n° 50 ANK/BK sur l’organisation et le fonctionnement de l’Autorité nationale APSARA adopté le 9 mai 2008, prévoyant spécifiquement la création d’un département de la gestion de l’utilisation des terres et de l’habitat dans le parc d’Angkor.
Afin de renforcer et de clarifier la propriété et les codes de construction dans les zones protégées 1 et 2, des bornes ont été posées en 2004 et 2009 et l’action a été achevée en 2012.
A partir de 1993, le CIC-Angkor (Comité international de coordination pour la sauvegarde et le développement du site historique d’Angkor) créé le 13 octobre 1993, assure la coordination des projets successifs scientifiques, de restauration et de conservation liés, exécutés par le gouvernement royal cambodgien et ses partenaires internationaux. Elle assure la cohérence des différents projets, définit, le cas échéant, des normes techniques et financières et attire l’attention de toutes les parties concernées lorsque cela est nécessaire. Elle contribue également à la gestion globale du bien et à son développement durable.
Le succès de la conservation du bien par l’Autorité Nationale APSARA, suivie par le CIC-Angkor, a été couronné par le retrait du bien de la liste du patrimoine mondial en péril en 2004.
Angkor est l’un des plus grands sites archéologiques en activité au monde. Le tourisme représente un énorme potentiel économique mais il peut aussi générer des destructions irréparables du patrimoine culturel matériel comme immatériel. Depuis le lancement du programme international de sauvegarde en 1993, de nombreux projets de recherche ont été entrepris, dont les objectifs scientifiques (par exemple, des études anthropologiques sur les conditions socio-économiques) permettent de mieux connaître et comprendre l’histoire du site et de ses habitants, qui constituent un riche héritage exceptionnel du patrimoine immatériel. Il s’agit d’associer la « culture immatérielle » à la mise en valeur des monuments afin de sensibiliser la population locale à l’importance et à la nécessité de sa protection et de sa préservation et d’aider au développement du site car Angkor est un site de patrimoine vivant où les Khmers en général, mais surtout la population locale, sont connus pour être particulièrement conservateurs à l’égard des traditions ancestrales et où ils adhèrent à un grand nombre de pratiques culturelles archaïques qui ont disparu ailleurs. Les habitants vénèrent les divinités des temples et organisent des cérémonies et des rituels en leur honneur, impliquant des prières, de la musique et des danses traditionnelles. En outre, le parc archéologique d’Angkor est très riche en plantes médicinales, utilisées par la population locale pour le traitement des maladies. Les plantes sont préparées puis apportées sur les différents sites des temples pour être bénies par les dieux. Le temple de Preah Khan est considéré comme une université de médecine et le NeakPoan comme un ancien hôpital. Ces aspects du patrimoine immatériel sont encore enrichis par les pratiques traditionnelles de textile et de vannerie et la production de sucre de palme, qui donnent tous lieu à des produits vendus sur les marchés locaux et aux touristes, contribuant ainsi au développement durable et aux moyens de subsistance de la population vivant dans et autour du site du patrimoine mondial.
Une unité d’enquête publique a été créée comme » instrument de mesure » pour identifier les besoins, les attentes et les comportements des visiteurs afin d’établir des politiques, de suivre son évolution, de préparer une politique de gestion des flux et de promouvoir les sites inconnus.
La gestion du site d’Angkor, qui est habité, prend également en considération la population vivant dans la propriété en l’associant à la croissance économique touristique afin de tendre vers un développement durable et une réduction de la pauvreté.
Deux contributions majeures soutenant l’Autorité Nationale APSARA en la matière sont :
- Le plan de gestion d’Angkor (AMP) et le projet de participation au développement communautaire (CDPP), une coopération bilatérale avec le gouvernement de la Nouvelle-Zélande. Le PGA aide l’Autorité Nationale APSARA à réorganiser et à renforcer les aspects institutionnels, et le CDPP prépare la carte d’utilisation des terres avec une participation expérimentale des communautés et soutient les petits projets liés au développement touristique afin d’améliorer les revenus des villageois vivant dans les zones protégées;
- Le cadre de gestion du patrimoine composé d’un plan de gestion du tourisme et d’une carte des risques sur les monuments et les ressources naturelles ; une coopération multilatérale avec le gouvernement de l’Australie et l’UNESCO. Les travaux préliminaires d’analyse et de planification de la stratégie de gestion tiendront compte de la nécessité de préserver l’atmosphère particulière d’Angkor. Toutes les décisions doivent garantir l’accessibilité physique, spirituelle et émotionnelle du site pour les visiteurs.